Ithaque 22:61-87 (
2018)
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Abstract
Quoique délibéré, le silence de Leo Strauss à propos de ses origines intellectuelles obscurcit inévitablement les préoccupations qui traversent et qui structurent ses écrits. Notre article entend démontrer que la posture socratique défendue par Strauss dans Droit naturel et histoire, loin de contribuer à l’élaboration d’un espace de réflexion « en marge » des débats philosophiques du dernier siècle, peut et doit être comprise comme participant d’une tentative d’émancipation face au pouvoir contraignant de l’historicisme mis de l’avant par Martin Heidegger. Il s’agira plus précisément de faire voir que le magnum opus de Strauss met en cause la pensée heideggérienne en radicalisant certaines de ses plus importantes intuitions. En questionnant les modalités du retour aux anciens opéré par Heidegger, Droit naturel et histoire suggère implicitement que la phénoménologie, en tant que philosophie première, ne peut être que politique.