Abstract
L’historiographie récente présente le débat sur les caméléons entre Perrault et Scudéry comme une opposition statique entre deux épistémologies : un empirisme mécaniste contre un empirisme a priori moral et, de ce fait, plus respectueux de l’intégrité de son objet. L’objectif de cet article est de montrer que c’est, au contraire, l’empirisme rigoureux de Scudéry qui fonde sa morale. En réinvestissant deux critères essentiels de cet empirisme : la préparation et la variation, et en discutant l’étiologie qui en résulte, Scudéry montre en effet, sur le même terrain que Perrault, que ce dernier ne fait pas un usage conséquent des principes épistémologiques faisant consensus dans la communauté savante qu’il représente. C’est pourquoi elle peut, selon ses propres termes, le mettre au « défi ».