De l’amour à la fantasia et de la fantasia à l’amour : L’encerclement par les «sons» de la Mémoire-Souvenirs, entre Eros et Thanatos

الخطا 16:129-136 (2013)
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Abstract

Au –delà des classements stéréotypés, dont l’écrivaine Assia Djebar est aux antipodes, nous souhaitons, au fil d’une lecture nouvelle du texte, nous intéresser aux mécanismes psychologiques qui sous tendent la rédaction d’un ouvrage tel «L’amour, la fantasia et induisent à l’originalité apparente dans sa mise en forme. En ce sens, nous proposons, dans le cadre limité de cette communication, une approche succincte qui mettra en exergue que de la Mémoire-Souvenirs, une «pulsion» fait émerger des charges affectives, oscillant entre tonalités positives- Eros- et négatives -Thanatos -. Ces affects sont portés par un élément déclencheur : «le son». Celui des mots, de la voix avec ses diverses variations. Mais aussi, à contrario, les différents types de silence, celui sur les cris, celui des voix implosées. Ces sons- aux occurrences innombrables- parcourent les deux thèmes qui constituent l’ossature de l’ouvrage, à savoir : le vécu de l’auteure et l’Histoire de l’Algérie. Dans l’abord de ces deux thèmes se placent les sons ayant trait à l’amour, la guerre. On pourrait considérer qu’entre ces deux pôles extrêmes, se place la fantasia qui, au regard de toute une symbolique, oscille de l’amour à la guerre. Ces trois points nodaux dans la trame de l’ouvrage, pareils à une note obsédante, accompagnent continument l’ensemble des divers mouvements de l’œuvre. La disposition des souvenirs -évènements interpellés, soulevés par la charge affective, laisse entendre, à partir des voix intérieures en contrepoint des voix extérieures, une musique que Djebar a voulu semblable à la Sonate de Beethoven : «Quasi una fantasia». Les fragments de récits, les pans de vie sont disposés comme une partition musicale. Du prélude de «L’amour, la fantasia» à sa clôture, la «musique» organisée par les «sons» va décrescendo pour «re-joindre» le son du point de départ. Ainsi se crée une boucle, un encerclement : «de l’amour à la fantasia, de la fantasia à l’amour» soit d’Eros à Thanatos et vice versa. Ainsi, de façon créatrice, semblable au musicien-compositeur qui s’est éloigné de la sonate classique, Djebar s’autorise des «fantaisies» avec talent puisqu’elle rompt avec le pacte autobiographique. Cette piste de réflexion ainsi et ici survolée, mériterait, sans doute, d’être davantage explorée dans d’autres recherches, tant de par sa riche complexité l’œuvre d’Assia Djebar appelle de multiples lectures, de multiples approches toujours renouvelées.

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