Abstract
Félix Aubé Beaudoin | : Le dilemme darwinien, formulé par Sharon Street, somme les réalistes moraux d’expliquer pourquoi de nombreux jugements qui sont des candidats au statut de vérités morales indépendantes sont aussi ceux qui ont une grande valeur sélective. Les réalistes peuvent soit nier, soit affirmer l’existence d’un lien entre pressions évolutionnistes et vérités morales. Selon Street, la première option mène au scepticisme tandis que la seconde est indéfendable sur le plan scientifique. Peter Singer et Katarzyna de Lazari-Radek optent pour la première branche de ce dilemme. Dans cet article, la stratégie argumentative qu’ils adoptent — la réponse naturelle — sera soumise à un examen critique. Deux objections seront formulées. La première est d’ordre épistémologique : l’intuitionnisme philosophique défendu par les auteurs fait face à des difficultés majeures. La seconde, plus fondamentale, est que leur solution ne permet pas d’expliquer autrement que par un heureux hasard l’alignement entre les vérités morales et les jugements ayant une valeur sélective. | : According to Sharon Street’s Darwinian Dilemma, moral realists must explain why many judgments that are likely to be independent moral truths are those it would be evolutionarily adaptive to hold. Realists can either deny or assert the existence of a relation between evolutionary influences and moral truths. The first option leads to skepticism, while the second is unacceptable on scientific grounds, says Street. Peter Singer and Katarzyna de Lazari-Radek take the first horn of this dilemma. In this article, the argumentative strategy they adopt — the Natural Reply - is submitted to critical scrutiny. Two objections are raised. The first objection is epistemological : philosophical intuitionism, as defended by the authors, is an untenable position. The second objection is that their solution must appeal to unlikely coincidences to account for the overlap between independent moral truths and evolutionarily adaptive attitudes