Kernos 33:33-61 (
2020)
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Abstract
Plutôt qu’aux « symptômes » de Sappho », on s’intéressera, pour une fois, à l’état d’âme de l’homme « égal aux dieux ». Qui est-il? Pourquoi est-il là, assis près de la belle et, surtout, comment interpréter sa proximité avec le divin à l’aune d’un système religieux si différent du nôtre? Cet article vise à montrer que la comparaison avec les dieux ne fait pas de l’homme du fr. 31 un bienheureux, mais qu’elle lui attribue plutôt la fougue d’un Achille « égal aux dieux ». Ou bien on peut considérer que l’expression isos theoisi ait résonné en écho avec celles par lesquelles l’aède glorifiait les héros prêts à mourir ; dans ce cas, on pourrait y déceler de l’ironie, la volonté d’annoncer d’emblée que le rival de Sappho ne gardera pas la belle près de lui, qu’il perdra le « combat érotique » engagé. Une interprétation n’exclut pas l’autre ; les deux permettent de considérer que le plus célèbre poème d’amour de l’Antiquité n’était pas le cri de douleur d’une femme au bord du suicide.