Abstract
Nous analysons le développement mathématique et la signification épistémologique du mouvement de géométrisation de la physique théorique, à partir des travaux fondamentaux d’E. Cartan et de H. Weyl jusqu’aux théories de jauge non-abéliennes récentes. Le principal propos de cet article est d'étudier ces développements qui ont été inspirés par les tentatives de résoudre l'un des problèmes centraux de la physique théorique au siècle dernier, c’est-à-dire comment arriver à concilier la relativité générale et la théorie quantique des champs dans un cadre théorique unitaire du monde physique. Ces développements ont produit un changement conceptuel profond concernant tout particulièrement la façon de concevoir les rapports entre structures mathématiques et phénomènes physiques. Nous mettons l’accent sur les points suivants : plutôt que de simplement s’appliquer aux phénomènes, les mathématiques sont impliquées dans leur constitution, autrement dit, les phénomènes sont autant d’effets qui émergent de la structure géométrique de l’espace-temps ; la structure géométrique et topologique de l’espace-temps est à l’origine de la dynamique de ce dernier; les symétries « internes » dictent les différentes interactions entre forces et entre particules ; l’invariance de jauge est un principe « universel » régissant les forces fondamentales et les interactions entre les champs de matière