Abstract
Cet article vise à montrer comment Augustin conçoit la voix selon son aspect corporel. Phénomène acoustique d’origine physiologique, elle est une réalité muable et transitoire, qui relève du sensible ; en vertu d’une représentation de type dualiste, Augustin l’oppose à diverses réalités spirituelles et intelligibles, telle la forme, qui donne sens à la voix confuse. Outre l’influence des philosophies antiques du langage, cette conception de la voix reflète l’évolution de la valeur du « verbe », de plus en plus intériorisé par Augustin. La voix s’intègre à une réflexion sur l’Incarnation, comme le montrent les images où elle apparaît : le paradigme du signe linguistique la rapproche de la « chair » extérieure du Verbe ; et la personne de Jean-Baptiste, voix proprement dite, résume en lui toutes les voix annonciatrices du Christ. Chair du Verbe ou représentée par Jean-Baptiste, la voix dépasse alors la simple corporéité et devient présence singulière qui fait signe vers l’altérité.