Abstract
On examine ici la résolution théologienne, au Moyen Âge central, de demeurer une science qui ne soit pas la transcription des anxiétés à la fois universelles et contextuelles qui ont envahi l’Europe de la fin du Moyen Âge. La démonologie, à la fin du xiii e siècle, est devenue un secteur autonome de la théologie, illustré par les trois traités sur les démons rédigés entre 1270 et 1300, constitués par un assemblage de questions disputées par Thomas d’Aquin, Pierre de Jean Olivi et Richard de Mediavilla. Paradoxalement, ce sont des considérations anthropologiques neuves qui ont frayé un chemin à la réflexion sur le démon (exemples de la tentation suicidaire et de l’oubli). Enfin, la démonologie se constitua en cadre rationnel pour penser la causalité (exemple du pacte sacramentel) et l’antagonisme des actions surnaturelles, tout en promouvant une théologie du risque.