Abstract
Cet article vise à élucider la place décisive qu’occupe Franz Kafka au sein de la phénoménologie de Michel Henry. Si cette place est désormais largement reconnue par l’ensemble de la littérature critique, elle n’en demeure pas moins énigmatique. C’est pourquoi une analyse de fond semble requise afin d’en saisir l’impact réel sur une phénoménologie ayant pour but de penser la vie en tant que Soi invisible et pathétique. En effet, l’introduction de Kafka dans le discours henryen, hormis son intérêt historique, relève de la plus haute importance, au sens où elle permet de réfléchir les conditions d’un discours propre à une « pensée de la vie ». Le but de cet article consiste donc à démontrer l’originalité philosophique spécifique de Michel Henry lorsque celui-ci décide, très consciemment et avec audace, d’insérer Kafka à l’intérieur de son argumentation, en assumant par ce fait le statut paradoxal d’une « contre-philosophie ». Outre l’hypothèse d’un dispositif de « paroles de la vie » traversant le discours de Michel Henry, l’article propose, entre autres, de réfléchir les thématiques de la lecture et de l’écriture du point de vue d’une phénoménologie de la vie.