Abstract
Cet article propose une étude critique de la philosophie de la technique de Gilbert Simondon à partir d’une analyse de sa lecture de Marx. Après avoir explicité les similitudes dans la manière dont les deux auteurs rendent compte de l’aliénation machinique, nous identifierons leurs différences à partir de la critique, formulée par Simondon, selon laquelle Marx n’aurait pas saisi la possibilité de réduire cette forme d’aliénation à travers l’institution d’un rapport entre individus et groupes de type transindividuel, qui dépasse les rapports interindividuels qui structurent le travail humain. À l’encontre de cette critique, nous insisterons sur la présence chez Marx d’une pensée du transindividuel, en relevant ainsi les limites de la position simondonienne qui, de séparer le transindividuel des formes d’aliénation qui surgissent au sein de la production, rate la dimension du conflit qui en constitue à la fois la condition de possibilité et d’impossibilité.