Abstract
Le souci est sans conteste l’un des philosophèmes les plus importants et les plus marquants d’Être et temps. L’économie interne du livre suffit à éclairer comment, dans le sixième chapitre, il s’impose progressivement comme l’être — total — du Dasein. Elle ne permet cependant pas de faire toute la lumière sur ce que nous appelons ici l’«histoire existentiale» du souci, c’est-à-dire la suite de «grands hommes» qui disent en avoir fait l’épreuve avant d’essayer de la verbaliser. Partant de quelques lignes du § 42 considérées par beaucoup comme marginales, cette étude s’efforce de retracer les sources religieuses du souci dans les productions du jeune Heidegger et s’emploie à montrer, au risque de critiquer l’articulation explicite du souci propre à Être et temps, qu’elles seules peuvent garantir jusqu’au bout l’opérativité de cette notion.