Abstract
Les grands enjeux de la confrontation entre musique et mathematisation des phenomenes s'illustrent particulierement dans la tentative de Jean-Philippe Rameau pour fonder en nature le systeme de l'harmonie et le sentiment qui nous la manifeste. Cette entreprise associe une conception nouvelle et originale des principes de l'ecriture musicale, des speculations arithmetiques plus traditionnelles et les resultats experimentaux d'une physique de la vibration. A cet egard, la theorie ramiste fournit aux encyclopedistes le motif d'une reflexion epistemologique sur les conditions d'une application legitime des sciences les unes aux autres. Mais l'ambition de decouvrir l'origine naturelle de l'harmonie mobilise egalement des hypotheses sur la perception musicale et suscite l'opposition exemplaire de Rousseau et Diderot. Le probleme des fondements de l'harmonie eclaire donc d'un jour nouveau l'empirisme des Lumieres, comme theorie de la connaissance et comme philosophie de la perception.