Abstract
L'ambivalence du rapport de Nietzsche à Épicure s'établit sur fond de paradoxe : l'eudémonisme moral d'Épicure surdétermine ce qui, à l'origine de son geste philosophique, apparaît pourtant comme une résistance au platonisme ou à l'ascétisme chrétien. En réalité, Épicure est un décadent socratique, un « malade de la vie », et sa pensée manque la radicolite dionysiaque ; c'est pour cette raison qu'elle irrigue encore le christianisme — preuve d'une compatibilité fâcheuse. Mais Nietzsche demeure néanmoins attentif à la fécondité des chemins épicuriens : l'indifférence des dieux, le sentiment de gratitude pour les choses, le rêve du jardin comme architecture de l'amitié. The ambivalence of Nietzsche's relationship towards Epicure sets itself against a background of paradox : Epicure's moral eudemonism overdetermines what, at the root of his philosophical gesture, yet seems to appear as a resistance against platonism or Christian asceticism. In fact, Epicure is a Socratic decadent, a « life's sick man » and his thought is devoid of any dionysiac radicality : it is the very reason for its still irrigating Christianism, hence, the evidence of a most unfortunate compatibility. But Nietzsche, however, still remains careful with the fruitfulness of Epicurean paths : e.g. the lack of concern of the Gods, the feeling of gratitude towards things, the dream of the garden as an architecture for friendship.