Abstract
Dans les « Concepts fondamentaux de sociologie » (1920), Max Weber distingue entre Vergemeinschaftung (« communautisation ») et Vergesellschaftung (« sociétisation »). Cette terminologie, bien qu’elle évoque l’opposition célèbre de Ferdinand Tönnies entre communauté et société, signale le caractère original de l’approche wébérienne des phénomènes collectifs. Plutôt que de figer des types de collectifs structurellement distincts les uns des autres, Weber analyse des logiques de formation qui se retrouvent et se combinent, à des degrés divers, dans tous les collectifs humains. Un ensemble de manuscrits plus anciens (1910-1914), première mouture d’Économie et société, est consacré pourtant à l’étude de différentes variétés de communautés (domestiques, ethniques, nationales, de marché, etc.). S’appuyant sur ces manuscrits (dont la traduction française est parue en 2019), on confronte ici la compréhension wébérienne des phénomènes communautaires avec divers usages, anciens ou récents, de la notion de « communauté » ou du « commun ».