Noesis 26:197-217 (
2016)
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Abstract
À partir des deux théophanies de Nicolas de Cues et de Leibniz, qui donnent à l’homme une place privilégiée au sein du monde créé, du fait de son statut de miroir ou image vivante qui reflète ou exprime le monde dans sa totalité, et de conceptions qui pensent la présence de l’infini dans le fini, on s’interroge ici sur la conception de la connaissance comme perspective de la monade chez Leibniz et la connaissance « quo modo capere possunt » des créatures connaissantes dans l’univers cusain afin de voir si se tissent des liens de filiation évidents. On se demandera enfin si le système de l’expression, chez Leibniz, qui fait que toute monade exprime l’univers tout entier – ce qui semble proche de l’idée cusaine de la mens comme miroir ou image vivante – ne dépasse pas le perspectivisme « restrictif » de la conception cusaine et n’inscrit pas la démarche leibnizienne dans un dessein beaucoup plus large, qui nécessite un tissu de relations entre les différentes monades que constitue la compossibilité. Tout mouvement de connaissance est connaissance de toutes choses, mais dans un système de relations qui précède l’existence de la monade et qui résulte du calcul du meilleur, soumis au principe de non-contradiction.Ainsi, si un héritage réel semble se dessiner entre Nicolas de Cues et Leibniz, qui place le sujet connaissant au centre de l’édifice créé par Dieu, ou Création, dans une démarche à la fois libre et dépendante du principe premier, il faut comprendre que les deux systèmes de pensée ne répondent pas tout à fait au même dessein.