Abstract
Comme Descartes, Carnéade professe le doute universel et le fonde sur l’existence de l’erreur. Ce doute est de même nature que celui de Descartes : c’est une décision de suspendre l’assentiment sur tout ce qui n’est pas certain ; il postule une conception volontariste de l’assentiment, ce qui le distingue de l’indifférence pyrrhonienne. C’est un doute méthodique et, de même, le doute cartésien est réel et sincère. Il existe aussi un « cogito carnéadien » ; mais, tandis que Descartes tire la certitude du fait même du doute, Carnéade, qui analyse le sentiment de l’évidence, n’aboutit qu’à un haut degré de croyance, jamais à la certitude. Carnéade ne fonde donc pas la science. S’il a pressenti des formes très modernes de la pensée, il a trop cédé à son amour de la discussion et n’a pas dépassé le stade critique. Ainsi son ébauche d’une théorie de la vérification n’a pas fructifié.