Abstract
Cet article cherche à identifier les facteurs qui régissent la réception scientifique de textes anciens et s’intéresse à ce qui peut expliquer l’abondance et l’absence d’études sur ces derniers. Cette enquête fut menée en étudiant de plus près la réception scientifique de cinquante textes contenus dans divers manuscrits à caractère «gnostique». Des dix textes qui ont généré le plus et le moins de publications, une typologie fut dégagée. Il appert que, pour les textes les plus étudiés, les quatre facteurs les plus importants sont un contenu original, une datation ancienne, la figure à laquelle le texte peut être associé et une appartenance au genre «évangile». Enfin, les dix textes les moins étudiés le sont en raison de facteurs matériel et herméneutique, s’ils sont déjà bien connus et s’ils sont tardifs. Cette analyse nous permet de mieux apprécier le rôle du chercheur spécialiste dans l’espace public contemporain. Les chercheurs, qui font partie d’une communauté interprétative au même titre que les médias ou le public non spécialiste, jouent un double rôle. Non seulement appartiennent-ils à une communauté interprétative qui relit les textes anciens avec un filtre qui leur est propre, mais ils sont aussi ceux qui rendent possible l’accès à ces textes aux deux autres éléments dont se compose l’espace public. Les chercheurs font donc partie d’un tout dont ils ne sauraient s’extraire