Dialogue 1 (3):259-277 (
1962)
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Abstract
C'est au christianisme que remonte l'initiative d'une révolution sans précédent dans la cité antique : la révolution chrétiennc de la souveraineté. «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.» Le Christ établissait en ces mots une distinction nette entre des ordres jusqu'alors confondus : le spirituel et le temporel, les choses de Dieu et les choses de César. Aujourd'hui, un tel partage paraît aller de soi aux esprits moulés par une civilisation chrétienne. Mais il n'en fut pas toujours ainsi. II fallut que le Christ vînt renverser un vieil état de choses qu'on prenait pour acquis, qu'il s'attaquât ni plus ni moins à la domination absolue que les empereurs romains s'arro-geaient sur la vie civile et religieuse des citoyens. Les souverains ne manquérent pas de le ressentir vivement. Ils relèveront sans tarder le défi en déclenchant les célèbres persécutions contre ses disciples. II s'agissait bien à leurs yeux d'un crime lèse-État. Pouvaient-ils laisser impunément les chrétiens scinder en deux parts une société moniste où le religieux était incorporé au politique, le jus divinum au jus civile.