Abstract
La philosophie de l’environnement a bouleversé la conception moderne de de l’homme en reconnaissant la part des relations écologiques et des limites environnementales qui le façonnent. Le paysage, à la fois produit des interactions écologiques et espace soumis au jugement esthétique, ne pouvait rester indifférent aux innovations conceptuelles de la pensée environnementale. En ce sens, l’idée de « tiers-paysage » défendue par le paysagiste Gilles Clément a introduit une rupture avec le dogme idéaliste de la philosophie classique du paysage, dont les jugements esthétiques étaient informés par les canons de l’art pictural. Nous nous proposons de prolonger le geste de Clément et de mener à son terme la déconstruction du paysage classique en proposant une appréhension naturaliste du paysage dont le paradigme central serait le tiers-paysage et son fondement sauvage. De ce choix découle une argumentation en faveur d’une esthétique objectiviste du paysage inspirée des théories d’Allen Carlson à laquelle nous adjoignons une dimension évolutionniste qui traduit l’unité originelle et l’interdépendance des relations esthétiques qui englobent toutes les formes de vie dans leur dynamique « paysageante ».