Abstract
Du communisme au libéralisme : c’est de cette façon que le parcours intellectuel de Claude Lefort est généralement décrit. Malheureusement, les choses ne sont pas si simples. En effet, l’entier travail lefortien, des rangs du parti trotskiste à la réflexion sur le totalitarisme et la démocratie, comporte aussi une discussion continue avec l’œuvre de Marx. Un débat intensif avec le père du communisme, avec bien sûr des contrastes durs, guidé par l’influence de la phénoménologie de Maurice Merleau-Ponty. Celle-ci conduit Lefort à rejeter toutes les possibilités de connaissance objective comme les idées de fondation et de totalité. Ainsi, à travers son débat avec Marx, Lefort parvient à abandonner le marxisme, à mettre en question les catégories principales de la modernité, vers une nouvelle conception de démocratie et des droits de l’homme. L’article propose de suivre le chemin lefortien du point de vue de sa confrontation avec Marx, par trois points clés. Le premier point est la dimension symbolique, rejetée par Marx qui pense la représentation comme produit de la structure productive. Le deuxième point est l’interprétation de modernité que Lefort décrit comme autonomie et désincorporation. Enfin, les droits de l’homme, point décisif du travail lefortien en polémique contre l’analyse marxienne dans les pages de La question juive. Nous espérons faire ressortir la relation compliquée avec Marx et l’originalité de la pensée lefortienne.