Abstract
À partir du témoignage de Sénèque et d’Épictète, le présent article vise à montrer comment les stoïciens rendent compte des réactions involontaires à partir de leur propre psychologie de l’action. Les références faites à Zénon et les allusions à Chrysippe prouvent qu’une théorie des « affections préliminaires » existait dès les débuts du Portique. Le fragment 9 d’Épictète et l’ouverture du deuxième livre du De Ira sont ainsi interprétés comme deux versions concurrentes se rapportant à deux théories subtilement différentes. À partir du matériau textuel emprunté aux premiers stoïciens, on montre l’influence de Zénon sur le De Ira et celle de Chrysippe sur le passage du livre perdu des Entretiens. Cette hypothèse a pour conséquence d’accorder l’exposé de Sénèque à l’orthodoxie stoïcienne défendant un monisme psychologique, et non à la filiation posidonienne, marquée par un dualisme psychologique à tendance platonico-aristotélicienne.