Abstract
Si l’accointance est définie comme une relation mentale entre un sujet et un fragment de réalité, le sens de l’accointance est le sentiment pour le sujet d’être en rapport direct avec un fragment de réalité. Pour de nombreux philosophes, le sens de l’accointance fait partie de l’essence de la perception consciente : voir une montagne, par exemple, implique le sentiment d’être en rapport direct avec elle, de l’avoir « en chair et en os » sous les yeux, plutôt que de la viser à travers une représentation mentale indépendante. La thèse principale défendue dans cet essai est que le sens de l’accointance est indépendant et distinct de l’accointance elle-même. Plusieurs exemples présentés montrent que pour être véritablement accointé avec la réalité, il n’est ni nécessaire ni suffisant d’avoir le sentiment d’accointance. Le sens de l’accointance est mieux conçu comme une expérience métacognitive séparée de l’accointance. L’article examine enfin les conséquences de cette thèse pour la question de savoir si la perception implique ou repose sur une représentation mentale de ce qui est perçu.