La plebs chrétienne au «siècle de Cyprien» jusqu'à la paix de l'Eglise
Abstract
On traduit généralement le mot plebs, chez Cyprien, par « les laïcs », « the laity », désignant ainsi, dans la communauté des fidèles, uniquement les « non-clercs ». Or l'analyse dans l'Epistularium des quelques lettres adressées à une plebs, ou de celles, nombreuses, qui évoquent en cours de missive les rôles du « peuple », peut faire douter que le mot se limite à ce groupe. En rapprochant l'usage dans les sources contemporaines des termes fraternitas, populus et plebs, on voit que le dernier peut, dans certains cas, désigner comme les deux autres le peuple des chrétiens au sens large; cependant, il s'applique surtout - au siècle de Cyprien comme par la suite - au groupe structuré des fidèles d'un diocèse, sous l'autorité de l'évêque. Mais dans cette acception spécifique, la plebs d'une cité inclut tous les chrétiens du lieu, même si certaines catégories parmi eux - prêtres et diacres, ou confesseurs - sont isolés en raison du rôle qui leur est imparti dans l'affaire évoquée par la lettre. Et, en particulier, il paraît évident que la plebs regroupe, avec les simples fidèles, tous les membres du clergé local inférieurs au diaconat qui ne sont jamais cités isolément, et qui pourtant ne sauraient être exclus des décisions qui concernent la vie de leur Église. Il est en effet certain que le « peuple » chrétien de chaque cité, laïcs et clercs ensemble, intervient dans le jugement des fidèles coupables - aux côtés des conciles et du presbyterium, pour certaines causes -, et dans l'élection de son évêque, où il est encadré par les évêques comprovinciaux. Sur ces rôles de la plebs et des autres instances, cf. la seconde partie de cette étude à paraître in RÉAug 48, 2002