Ithaque 24:23-48 (
2019)
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Abstract
Le théologien et philosophe franciscain Jean Duns Scot est généralement présenté comme l’archétype du « volontariste » dans les études médiévales. Si, pour Scot, la volonté n’est ni plus ni moins que la cime de l’âme, cette désignation hâtive et caricaturale encombre l’originalité et la finesse de l’articulation scotiste de la théorie de la volonté, dont le ressort doit être trouvé dans la compatibilité entre la liberté et la nécessité du vouloir ad intra divin. Bien qu’il semble éminemment paradoxal d’affirmer qu’une chose soit à la fois libre et nécessaire, Duns Scot défend avec rigueur la possibilité d’une telle conciliation. À cette fin, la stratégie scotiste repose sur une dissociation de l’opposition traditionnelle entre liberté et nécessité par le couple disjonctif entre nature et liberté pour ensuite décortiquer les multiples sens du mot nécessaire et isoler celui qui convient le mieux à une volonté infinie. Derrière cette thématisation d’une volonté autoréflexive, l’intention scotiste est d’offrir un schéma unitaire de la volonté qui puisse s’appliquer à tout type d’agent libre, aussi bien humain que divin. Le tableau de la volonté scotiste doit cependant être complété par l’intégration du rôle de l’intellection divine et des différents moments logiques qui l’accompagnent lors d’un acte de volition.