Abstract
S’il manquait encore aux deux États irlandais le trait distinctif de la politique européenne moderne – une division gauche-droite nettement liée à la classe des électeurs – ne pouvait-on en déduire que, pour une fois, l’Irlande avait une longueur d’avance, annonçant l’américanisation prochaine de la vie politique européenne? Depuis septembre 2008, la crise mondiale a noyé ces visions sous un déluge d’eau glacée. L’État du sud, en chute libre, perd des emplois à une vitesse vertigineuse et a été contraint d’accepter un « plan de renflouement » humiliant de l’UE et du Fonds Monétaire International. La récession a cruellement révélé les failles du modèle du « Tigre celtique ». S’il est trop tôt pour évaluer les effets à long-terme de la crise, il est d’ores et déjà évident que le parcours historique excentrique de l’Irlande est encore bien loin d’arriver à son terme.