Abstract
Cette note entend faire une critique constructive de la thèse du « mode de production managérial », due à Gérard Duménil et Dominique Lévy. Tout en reconnaissant les mérites de leurs travaux, la note essaye de montrer qu’il existe une disproportion entre leur proposition théorique, de grande ampleur, et sa base empirique, trop faible pour la soutenir. Trois contre-arguments sont développés en ce sens. D’abord, les auteurs ne se fondent pratiquement que sur le constat de la montée de la part des salaires dans les hauts revenus aux États-Unis, une évolution qui peut être remise en cause en catégorisant correctement les revenus des cadres dirigeants. Ensuite, ils négligent des données et des indicateurs alternatifs qui donnent des images fort différentes de l’évolution historique. Enfin, ils n’étudient pas l’évolution des formes organisationnelles qui sont au fondement des théories sur l’évolution de la structure de classe, qui relativisent l’importance de la bureaucratie. Deux contreexemples sont données à l’encontre de la thèse du managérialisme : les associés des fonds de capitalinvestissement constituent des nouveaux capitalistes financiers ; les dirigeants des plus grandes entreprises multinationales sont des dirigeants actionnaires.