Abstract
Henri Poincaré est intervenu publiquement deux fois sur les orientations de l’enseignement secondaire français. En 1904, il prononce une conférence intitulée « Les définitions générales en mathématiques », première d’un cycle destiné à promouvoir l’esprit d’une réforme de l’enseignement secondaire qui, selon ses promoteurs, défend une conception moderne et renouvelée des humanités adaptée aux défis économiques et industriels que doivent relever le pays et ses élites. En 1911, sous les auspices d’une ligue « Pour la culture française » qui milite contre les intentions de cette réforme, Poincaré publie Les Sciences et les Humanités, un texte dans lequel il affirme la primauté des humanités classiques. Nous revenons ici sur la contradiction apparente entre ces deux prises de position à partir de travaux en histoire de l’enseignement parus depuis le début des années 2000. Ceux-ci ont en effet fait surgir un certain nombre d’acteurs mathématiciens engagés dans la réforme, dont les écrits et les discours permettent de mieux saisir la complexité des enjeux de modernité tout à la fois épistémologiques, pédagogiques mais aussi sociaux et économiques de l’enseignement des mathématiques et éclairent de ce fait les positions de Poincaré dans ces deux textes.