Abstract
Le propos de cet article est de chercher à dégager les raisons de l'exceptionnelle admiration vouée par Hegel à Aristote. La thèse avancée est que ce que Hegel découvre chez le Stagirite, en particulier dans sa Métaphysique, c'est, dans le contexte du commencement grec de la philosophie, l'anticipation géniale de sa propre compréhension de la substance en tant que sujet. Cette thèse est développée en deux temps. Il s'agit tout d'abord de montrer qu'aux yeux de Hegel la philosophie ancienne n'a de façon générale nullement ignoré la notion de subjectivité au sens qu'elle prendra au sein de la modernité, même si elle n'a pu lui conférer son plein déploiement. Ensuite, il s'agit d'établir, en s'attachant plus spécifiquement aux pages que Hegel consacre à Aristote dans ses Leçons sur l'histoire de la philosophie, que c'est chez lui, dans la conception dynamique de la substance comme energeia active et effectuante qu'il développe dans sa Métaphysique, que cette modernité affleure de la façon la plus claire et la plus complète. The purpose of this article is to attempt to elucidate the reasons for Hegel's exceptional admiration for Aristotle. The thesis put forward is that what Hegel discovers in the Stagirite, particularly in his Metaphysics, is, in the context of the Greek origins of philosophy, the brilliant anticipation of his own understanding of substance as subject. This thesis is developed in two stages. In the first place the aim is to show that in Hegel's eyes ancient philosophy in general in no way ignored the notion of subjectivity in the sense it will take on in modern times, even if it was unable to develop it fully. The goal is then, based more specifically on the pages devoted by Hegel to Aristotle in his Lectures on the history of philosophy, to establish that it is in him, in the dynamic conception of substance as active and realising energeia that he develops in his Metaphysics, that modern philosophy emerges in the clearest and most complete way