Abstract
L’unité du monde est un motif récurrent de l’œuvre de Carl Schmitt, malgré les ruptures apparentes ou réelles qu’elle comporte. Il est présent dans les écrits de la période décisionniste , où il illustre le fantasme d’un dépassement définitif du conflit politique. Durant la période national-socialiste, Schmitt oppose sa théorie du « grand espace » et des Empires aux rêves mondialistes, d’autant plus dangereux qu’ils servent les intérêts d’une puissance aspirant à l’hégémonie, les États-Unis. Mais c’est dans les écrits postérieurs à 1945 que ce motif devient central, en même temps que la réflexion désabusée sur « le nouveau nomos de la terre » qui pourrait succéder au jus publicum europaeum de l’époque moderne. En fin de compte, le rejet constant du rêve d’une unification politique illustre à la fois la conviction étatiste de Schmitt et son refus d’une philosophie rationaliste de l’histoire.The theme of the unity of the world is recurrent in Carl Schmitt’s work, despite the apparent or real breaks it presents. The theme appears in the writings of the decisionist period , as an illustration of a fantasm : that of definitive go-beyond any political conflictuality. During the national-socialist period, Schmitt opposes his theory of the « Great Space » and of the Empires to the dreams of globalisation, considered as a very dangerous as they would, in fact, express the interests of a great power seeking for hegemony, the United States. But, it’s in the writings posterior to 1945 that the theme is becoming central, when Schmitt produces his disillusioned reflexion on the « new nomos of earth » that could take the place of the jus publicum europaeum of the modern period. In the end, his constant refusal of a possible political unification of the world illustrates the statist convictions of Carl Schmitt, and is denial of a rationalist philosophy of history