De geslotenheid Van Merleau-ponty's wijsbegeerte

Tijdschrift Voor Filosofie 19 (2):217-272 (1957)
  Copy   BIBTEX

Abstract

La philosophie de M. Merleau-Ponty est-elle une philosophie ouverte ? La question elle-même semble être absurde à propos d'une philosophe qui décrit l'homme comme « une ouverture toujours recréée dans la plénitude de l'être » et qui refuse à la vérité le caractère d'éternité au nom de l'ouverture humaine. L'idée de l'Etre nécessaire, aussi bien que celle de la matière éternelle ou celle de l'homme total lui paraît prosaïque en regard du surgissement des phénomènes à tous les étages du monde . La métaphysique — c'est toujours encore lui-même qui nous le dit — est le contraire du système. N'est-il pas absurde alors de douter du caractère ouvert de sa philosophie ? Pourtant une philosophie n'est pas toujours — M. Merleau-Ponty nous en avertit — ce qu'elle se propose d'être et il n'est pas impensable par principe qu'une philosophie qui se centre autour de la notion d'ouverture, soit en réalité une pensée close. Nous pensons que ceci est bien le cas chez M. Merleau-Ponty et nous nous proposons de fonder dans cet article cette affirmation apparemment fort hardie. Nous suivons la méthode d'une analyse qui cherche à atrapper le mouvement de la pensée de M. Merleau-Ponty lui-même, en évitant autant que possible de lui opposer une autre pensée philosophique. La philosophie de M. Merleau-Ponty est un cartésianisme renversé. Tandis que l'anthropologie cartésienne parvient à un dualisme radical et insurmontable, la philosophie de M. Merleau-Ponty affirme avec une force remarquable l'unité de l'homme. Celle-ci reste impensable aussi longtemps qu'on est fidèle aux notions traditionnelles de en soi » et du « pour soi » -notions qui dénoncent elles-mêmes leur origine cartésienne, comme les démarches de la philosophie de Jean-Paul Sartre l'ont démontré de nouveau. C'est pourquoi M. Merleau-Ponty cherche à établir que le corps humain n'est pas un « en soi » et que la vie spirituelle ne parvient jamais à la purité du « pour soi ». D'où on constaté un double mouvement dans la pensée philosophique de M. Merleau-Ponty. Premièrement il se propose de démontrer que le corps humain est réellement et au sens strict du mot un « sujet ». Il n'est pas tel grâce à la présence d'un principe de vie distinct, mais par soi-même. Deuxièmement M. Merleau-Ponty réduit d'une manière systématique la vie spirituelle à ce corps qui a été élevé au niveau de la subjectivité. Dans la première partie de notre article nous avons indiqué le but de la philosophie de M. Merleau-Ponty : il veut démontrer l'unité radicale de l'homme. Dans la deuxième partie nous l'avons suivi quand il élève le corps au niveau de la subjectivité. Dans la troisième partie nous constatons qu'il réduit la vie spirituelle à la vie du corps. Nous avons entrevu avec un clarté toujours croissante la présence d'un « a priori » dans les analyses de M. Merleau-Ponty ; au lieu d'être une hypothèse qui reste à vérifier et à préciser dans une dialectique vivante avec les phénomènes, l'idée de l'unité radicale de l'homme est un « a priori » qui guide et domine les analyses. La description de la sensation, comme aussi celle de la motricité, sert à indiquer le fonctionnement de esprit captif ou naturel », c'est-à-dire du « corps sujet ». La pensée doit s'incarnef dans la parole , parce qu'il n'y a pas de place pour une vie spirituelle qui transcende le corps. L' « eidos » doit être réduit à l'intuition perceptive. La « vérité de raison » ne peut se distinguer essentiellement de la « vérité de fait ». Le caractère universel et intersubjectif de la vérité doit être réduit au mouvement convergent de l'histoire qui est conçue comme « le devenir de la vérité » . Celle-ci ne peut pas être 1 éternelle, parce qu'elle appartient à l'autodevenir du « moi-corps ». L'évidence absolue est impensable, parce que la vie spirituelle n'est que la vie du corps en tant qu'elle parvient à la conscience de soi-même. Les démarches parfois très obscures de la pensée de M. Merleau-Ponty se remplissent de lumière aussitôt qu'on se rend conscient de l'influence de son « a priori » fondamental. Dans la dernière partie nous avons établi que la philosophie de M. Merleau-Ponty aboutit inévitablement à une question qui est insoluble par principe. Il n'y a dans l'homme qu'une subjectivité unique qui se réalise progressivement. Celle-ci est le « moicorps », qui au niveau de la motricité et de la perception conduit une vie prépersonnelle et qui ensuite s'élève au niveau de l'existence personnelle, tout en restant la même subjectivité. Cette « subjectivité dernière » est-elle consciente de soi-même ? Ici s'ouvre de nouveau l'alternative que M. Merleau-Ponty se proposait d'éviter. S'il répond die manière affirmative, le corps lui-même est un « pour soi » au sens strict du mot. Mais alors M. Merleau-Ponty ne peut plus maintenir que la, vie du corps soit prépersonnelle et préconsciente. S'il répond de manière négative, la « subjectivité dernière » devient une chose. Si elle ne se pense pas aussitôt qu'elle est, elle ne se pensera jamais. Les « formules énigmatiques » qui font semblant de répondre, ne font en réalité que masquer l'impasse radicale où se trouve M. Merleau-Ponty

Other Versions

No versions found

Links

PhilArchive



    Upload a copy of this work     Papers currently archived: 103,343

External links

  • This entry has no external links. Add one.
Setup an account with your affiliations in order to access resources via your University's proxy server

Through your library

Analytics

Added to PP
2015-02-04

Downloads
0

6 months
0

Historical graph of downloads

Sorry, there are not enough data points to plot this chart.
How can I increase my downloads?

Citations of this work

Maurice Merleau-Ponty bibliography.Richard L. Lanigan - 1970 - Man and World 3 (3):289-319.

Add more citations

References found in this work

No references found.

Add more references