Abstract
Alors que le premier tome de L’œuvre de l’art portait sur les «modes d’existence» des œuvres d’art, le second traite de la relation esthétique et de l’une de ses espèces, la relation artistique. La relation esthétique se divise en deux moments: celui de l’attention aspectuelle portée à l’objet, et celui de l’appréciation elle-même résultant en un jugement. La relation artistique a pour caractéristique supplémentaire de postuler une intention esthétique ayant présidé à sa création. Et c’est cette intention qui constitue un artefact en œuvre d’art. En ce sens, les deux tomes de L’œuvre de l’art sont complémentaires: le premier, Immanence et transcendance, se penche sur les caractéristiques extrafonctionnelles des œuvres, alors que le second ne s’attache qu’à leurs caractéristiques fonctionnelles, tous deux se combinant pour fournir une réponse à la question «qu’est-ce qu’une œuvre d’art?». Pour reprendre une analogie proposée par Genette, on peut scinder en deux la caractérisation de ce qu’est un marteau: il possède un certain nombre de propriétés extrafonctionnelles spécifiables indépendamment de ses caractéristiques fonctionnelles. Il en va de même pour la caractérisation de l’art. On peut s’intéresser au mode d’existence des œuvres indépendamment de la fonction qu’on leur assigne. Bien sûr, certaines caractéristiques physiques du marteau doivent leur existence à la fonction qu’il est appelé à remplir: c’est parce qu’il sert à planter des clous qu’il doit disposer d’une tête d’une surface plus grande que la tête du clou et suffisamment dure.