Abstract
L’intérêt durable porté par Edmund Husserl aux travaux de William James en dépit de la divergence de leurs projets philosophiques s’explique sans doute par deux traits saillants de la psychologie de James qui l’inscrivent dans le prolongement de celle de Franz Brentano et lui confèrent même une certaine supériorité par rapport à cette dernière. Ces deux traits sont d’une part la capacité de James à articuler de manière particulièrement convaincante les analyses de psychologie descriptive aux explications en termes neurophysiologiques et d’autre part sa capacité à penser le caractère dynamique du flux de conscience et la genèse en lui de la structure intentionnelle. Bien plus, loin de la condamner au psychologisme, ces deux traits de la pensée de James s’inscrivent sur fond d’une critique très sévère de la « psychologist’s fallacy » commise notamment dans l’école associationniste, critique qui marqua profondément Husserl.The long lasting interest which Edmund Husserl has taken in William James’ work in spite of their very different philosophical projects can be explained by two significant features which place James’ psychology in the continuation of Franz Brentano’s and even confer it some superiority compared to the latter. These features are on the one hand James’s ability to combine analyses of descriptive psychology with explanations of neurophysiology and on the other hand James’ ability to study the dynamic nature of the stream of consciousness as well as the intentional structure arising from this stream. Furthermore, far from condemning him to psychologism, both these features of James’ thought take their roots in a very strong criticism of the « psychologist’s fallacy » made in the associationist school, criticism which impressed Husserl deeply