Noème perceptuel : Ameublement du monde et identité des objets à travers les mondes possibles
Abstract
La question de la spécificité du noème perceptuel et de sa relative autonomie à l?égard du noème conceptuel, question qui a occupé tout un pan des réflexions husserliennes depuis ses premiers travaux dans la proximité de Carl Stumpf jusqu?à ses ultimes recherches sur les synthèses perceptives du monde de la vie, mais qui a aussi retenu l?attention principale de certains héritiers de Husserl comme Aron Gurwitsch ou Maurice Merleau-Ponty, pourrait bien constituer aujourd?hui la clé d?une préoccupation qui fut quant à elle centrale dans la philosophie analytique du xx e siècle, celle des rôles respectifs de la référence directe et de la description dans l?identification des objets du discours et du monde. Des objets qui meublent le monde actuel et les mondes possibles 1 À l?analyse frégéenne, qui accordait aux termes singuliers aussi bien qu?aux termes conceptuels tout à la fois un sens ( Sinn ) et une signification ( Bedeutung ) ? les expressions « l?astre brillant du matin » et « l?astre brillant du soir » ont la même signification puisqu?elles désignent le même objet (Vénus), mais pas le même sens puisqu?elles ne le visent pas de la même façon 2 ?, Russell avait répondu en affirmant précisément le caractère conceptuel de ces termes singuliers « descriptifs » qui ont un sens et qui identifient leur objet à travers lui, et en les opposant aux authentiques noms propres comme « Vénus »