Abstract
Nous voudrions mettre en question une vision réductrice des encyclopédistes : contrairement à une représentation convenue émanant d ’ une lecture biaisée de l ’Encyclopédie due à la lunette déformante des positivistes et des scientistes du XIX e siècle, les encyclopédistes sont loin d ’ être des chantres du progrès mais développent plutôt, notamment dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie et les articles épistémologiques et scientifiques, une conception sceptique de l ’ esprit humain et de sa capacité à connaître l ’ Univers. Ajoutons que cette lecture biaisée a été reprise haut et fort au XX e siècle par l ’ École de Francfort qui n ’ a pas hésité à forcer le trait du prétendu optimisme rationaliste des philosophes des Lumières jusqu ’ à en faire les initiateurs des formes contemporaines de totalitarisme. C ’ est contre cette lecture que le présent article s ’ inscrit.