Abstract
Résumé L'objet de cet article est d'exposer et d'analyser l'explication proposée par Aristote pour l'arc-en-ciel dans les Météorologiques, livre III, ch. 2–5. Cette explication présente d'abord un intérêt au regard de l'histoire des sciences exactes, notamment parce qu'Aristote articule ici très concrètement une approche physique et une approche géométrique de ces phénomènes. Elle présente ensuite un intérêt et une énigme pour l'exégèse aristotélicienne, dans la mesure où ce texte des Météorologiques adopte l'idée de rayons visuels, plus exactement d'une émission hors de l'œil de quelque chose (laissée indéterminée par Aristote) rendant possible la vision, alors qu'Aristote avait longuement et rigoureusement combattu toute idée d'une telle émission dans deux traités précédents (De l'âme, et De la sensation et des sensibles). Elle présente enfin un intérêt philosophique dans la mesure où cette contradiction entre les Météorologiques et ces deux traités antérieurs trouve sa signification dans une exigence portant sur le statut ontologique de l'image spéculaire, exigence que l'on ne peut séparer de la visée scientifique qui guide Aristote.