Abstract
Résumé Nous entendons démontrer dans cet article l’importance souvent méconnue que revêt dans la morale kantienne l’analogie entre la nature sensible et la nature morale. Nous y soutiendrons en effet que sans la présence d’une telle analogie, il serait impossible pour le jugement pratique de déterminer pour des cas particuliers quelles sont les actions qu’autorise l’impératif catégorique. A cet égard, la typique du jugement pur pratique s’avérera déterminante en ceci qu’elle fournira à la loi morale le prolongement intuitif nécessaire pour que soient subsumées sous elle des actions particulières. Bien qu’elle esquisse un pont entre la nature et la liberté, la typique ne saurait se réduire, comme le suggère néanmoins Yovel, à n’être qu’une forme inférieure de la synthèse achevée de la moralité et du bonheur, telle qu’on la retrouve dans le concept du souverain bien. Son caractère incontournable pour le jugement moral s’illustre en outre dans le recours systématique à ce principe par Kant lui-même lors de la discussion et de la solution des quatre dilemmes moraux présentés dans les Fondements de la métaphysique des mœurs.