Abstract
Pourquoi Aristote semble-t-il refuser aux artefacts le statut de substances? Cette question fait l’objet d’interprétations divergentes. Partant d’un passage généralement négligé de Métaphysique H 3 et en s’appuyant sur plusieurs textes de Metaph. Z 7-9, on défend la thèse selon laquelle il ne suffit pas d’évoquer le fait que les formes des êtres naturels sont éternelles. La différence entre les artefacts et les êtres naturels repose surtout sur le statut ontologique et la fonction de leurs formes respectives. Le livre H de la Métaphysique, pris dans son ensemble, fournit plusieurs arguments permettant d’établir que les formes d’artefact ne sont pas des formes substantielles, des formes de plein droit, mais seulement des « différences » de la matière prochaine et de simples déterminations « analogues » à la substance proprement dite. Elles ont un statut intermédiaire entre la matière prochaine et la forme substantielle ; l’artefact n’est lui-même qu’un composé accidentel.