Abstract
Hannah Arendt fut une philosophe de son temps. Les grands thèmes de sa réflexion se nourrissent à même le contexte social, historique et politique de la première moitié du XXe siècle. Pouvait-il en être autrement pour cette Juive, éclairée et cultivée, qui connut personnellement le tourment des sombres années annonçant et marquant la Seconde Guerre mondiale? Sylvie Courtine-Denamy a choisi de faire dialoguer Arendt et quelques autres grands intellectuels, nommons seulement Karl Jaspers, Hans Jonas, Emmanuel Levinas, Leo Strauss, Eric Voegelin, Martin Heidegger, autour de sujets liés à la crise du monde occidental. Le choix de ces interlocuteurs n'est pas arbitraire puisque tous, à l'exception de Heidegger, sont Juifs, connurent les troubles des temps brechtiens et consacrèrent une partie de leur réflexion à repenser les fondements politiques de ce monde en proie au nihilisme. Les analyses de Hannah Arendt, l'interprétation qu'elle donne de cette crise, mais aussi les solutions qu'elle envisage pour y parer, constituent la trame de fond, le fil conducteur à partir duquel les dialogues se déploient.