Abstract
Cet article revient sur un corpus de conversations par SMS entre des personnes sourdes qui présentent un bilinguisme entre le français et la Langue des Signes Française. Ce regard rétrospectif sur ce corpus, notamment sur les motifs de son cadrage, l’enquête de terrain préalable à sa collecte, le protocole de collecte en tant que telle, ou le défi que constitue son annotation, permet de discuter des avantages et des limites des positionnements qualitatifs et quantitatifs en amont de la constitution du corpus. Le contexte complexe des enjeux culturels, sociaux, économiques, historiques, identitaires, politiques, et épistémologiques, des sourds bilingues devient une ressource bien plus puissante s’il est envisagé à la fois comme le lieu de l’émergence des discours récoltés, et comme un giron potentiel de la problématisation du rapport entre l’analyste et son objet d’analyse. En décrivant les particularités linguistiques de ce corpus de conversations écrites entre personnes sourdes, cet article cherche à expliciter les écueils analytiques qui peuvent être anticipés ou évités par un travail exploratoire qualitatif tant en amont de la collecte des données et métadonnées, que lors du travail d’analyse.