Noesis 32:77-111 (
2018)
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Abstract
Avicenne, à la suite d’Aristote, définit la métaphysique comme science de l’étant en tant qu’étant : « le premier sujet de cette science est l’étant en tant qu’il est étant ; et ce qu’elle étudie, ce sont les propriétés qui accompagnent l’étant en tant qu’étant sans restriction ». Il enseigne que l’intellect saisit l’étant comme le premier objet qui s’imprime en lui, telle une « impression originaire », qu’il nomme en arabe ma’nâ, traduit en latin par intentio. Cette expression apporte une précision importante, elle signifie que l’intellect est tourné vers la réalité extérieure, mais en retournant sur lui-même. L’étant est donc le premier connu – ou intelligé – en tant qu’étant, comme ma’nâ, non en tant que réalité extérieure, c’est-à-dire comme être au sens d’existentia. Immédiatement appréhendé, l’étant est en tant que tel ce qui permet de tout appréhender comme ce qui est et de tout intelliger comme étant. L’étant est saisi dans un retour sur soi de l’intellect pour lequel l’étant est de l’intelligé, du conçu. Renvoyant de la sorte à ce qui est, non à l’être de ce qui est, Avicenne est conduit à distinguer l’essence et l’être. Cette distinction constitue un apport crucial. Comment faut-il l’entendre? Comme une opposition ou comme une composition?