Abstract
RésuméL'article examine la thèse leibnizienne de la tendance à l'existence de toutes les essences et de la réalisation de la série des êtres possibles qui, ensemble, ont le plus d'entité. Bien qu'elle offre une réponse à la question de savoir pourquoi il y a un monde – et pourquoi il s'agit du monde réel et non d'un autre –, la thèse se heurte à de nombreux obstacles. On tend actuellement àécarter les lectures nécessitaristes. L'article s'inscrit en faux contre cette tendance; il vise à montrer les difficultés qui entourent l'interprétation de la nécessité fondée en théorie de la preuve, non seulement en général mais aussi en particulier par rapport à Leibniz. Une issue aux difficultés pourrait consister à développer la notion leibnizienne des degrés de réalité, en concevant aussi des degrés d'existence. Cela permettrait d'éviter la rupture entre l'ordre des possibles et celui des existants. Alors que Leibniz reconnaît des variations dans le degré d'entité des possibles, il est mené par son attachement à la logique aristotélicienne à faire du passage de la possibilitéà l'existence un bond métaphysique, l'actualitéétant ainsi rque comme une question de tout ou rien. Une approche gradualiste permettrait de concilier une partie des motivations métaphysiques de Leibniz avec un réalisme modal apparentéà celui de David Lewis, mais dûment nuancé