Abstract
Pour les philosophes existentialistes athées, l'existence se solde nécessairement par un échec : nous surgissons dans le monde sans raison, ce qui nous condamne à y errer en vain à la recherche d'un impossible salut. La contrepartie de notre liberté est en effet la contingence qui se manifeste au cœur de notre conscience par un perpétuel arrachement à nous-mêmes et une perpétuelle insatisfaction. Lavelle refuse de s'abandonner à un tel pessimisme ; pour lui l'erreur des athées est de se focaliser sur l'existence en oubliant qu'elle prend sa source dans la vie qui la précède et la déborde de toute part. Or, c'est précisément dans cette antériorité et prééminence de la vie que nous devons trouver une bonne raison de croire qu'elle mérite d'être vécue. L'existence ne dure que le temps d'une « traversée » qui doit nous mener de l'enfance à la sagesse ou à la sainteté. Pour cela, il suffit de nous laisser guider par l'amour et par la lumière de nos « expériences premières ». According to the atheistic existentialist philosophers, existence necessarily ends up in failure: we come into this world for no reason, and that condemns us to search in vain for an impossible salvation. Contingency is the price of our freedom, a contingency in the centre of our consciousness that tears us apart and leaves us perpetually dissatisfied. Lavelle refuses to give way to such pessimism; according to him, the mistake of the atheists is to focus on existence, forgetting that it takes its source in life that precedes and overflows it. It is precisely in this anteriority and pre-eminence of life that we must find good reason to believe that living is worthwhile. Existence only lasts the time of a "crossing over" (or "a passage") that should lead us from childhood to wisdom or to sanctity. To this end, it is sufficient to let ourselves be guided by love and by the light of our "primal experiences"