Klesis 58:1-12 (
2025)
Copy
BIBTEX
Abstract
Dans la théorie austinienne de la vérité, une énonciation est évaluée dans une situation, c’est-à-dire, une partie du monde sélectionnée dans l’acte de parole. La situation dans laquelle est évaluée une assertion n’est pas représentée par le sujet, ou, en tout cas, n’a pas d’articulation linguistique. Cette distinction entre la situation d’évaluation, qui reste implicite, et ce qui est représenté linguistiquement, correspond à la structure d’une proposition austinienne. Selon Perry, la situation d’évaluation peut être fixée de deux façons, par un rapport causal, par exemple, la perception, ou par une croyance non exprimée linguistiquement. Recanati a une autre solution pour le cas où le rapport causal n’est pas disponible : une assertion peut porter sur une situation qui n’est pas causalement accessible aux agents quand cette situation est fixée de façon explicite dans une autre contribution dans la même conversation. Ce passage d’un composant propositionnel explicite à une situation implicite est une projection. Le mouvement contraire, de rendre explicite la situation qui était implicite, est un mécanisme de réflexion. Ces mouvements de projection et de réflexion sont des passages d’une situation plus large à une situation plus restreinte, ou l’inverse. Dans cet article, je suggère trois révisions
dans ce cadre théorique. D’abord, la situation d’évaluation peut être composée de plusieurs éléments – ce qui est déjà présent chez Recanati. Ensuite, la situation d’évaluation n’est pas seulement fixée par des rapports causaux ou par des croyances, mais aussi par des mécanismes sous-personnels, dont la perception des affordances. Enfin, comme la situation dans laquelle est évaluée une énonciation est constituée des plusieurs faits, le mécanisme de réflexion ne mène pas nécessairement à une autre situation plus large, mais peut être la rearticulation d’un composant dans une même situation.