Michel Villey Et la Science du Juste
Dissertation, Universite Laval (Canada) (
2004)
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Abstract
Michel Villey ecrit que les institutions universitaires offrent aux etudiants un enseignement du "droit" qui "manque" de "quelque chose de fondamental": une definition du "droit". Or, il est impossible de parvenir a la formulation d'une telle definition sans une "philosophie du droit". A cet egard, ajoute-t-il, il suffit de prendre acte que la "science du droit" est une decouverte des jurisconsultes romains, dont les textes se trouvent au Digeste de Justinien et dans les Institutes de Gaius. ;Une etude de ces textes fondateurs revele que les jurisconsultes disposaient d'une "sorte de science objective", et que leur "effort de connaissance, essentiellement speculative" nous "apporte d'excellentes definitions des fins et des sources du droit; eclaire sa methode, son langage; qui peut et doit etre enseignee", soutient Michel Villey. Il entreprend donc de nous enseigner "ce qu'a de propre la methode de la science juridique". Pour lui, "la jurisprudence est une oeuvre theorique"; elle "n'est pas scientifique", mais "dialectique". ;Dans cette perspective, Michel Villey ecrit: "Aristote creuse minutieusement l'analyse du Dikaion. Il en enumere divers attributs. [D'abord] le droit est relation. [Ensuite] le Dikaion est une proportion, , un "analogon". On peut dire aussi [qu'il est] un egal "; enfin, "un juste milieu ". A propos du dikaion, il ajoute qu'il "ne designe pas la profession ou l'activite des juristes, [mais qu'il] apparait comme une chose pourvue d'une existence propre, que le juriste recherche, etudie, autour de laquelle semble graviter le metier du juriste". Et il constate "que nous avons apparemment beaucoup de mal a definir" cette "chose" de nos jours. Pourtant, il pretend qu'il n'existe "pas de science du juste, soit au sens de science deductive ---non plus que de science positive experimentale". ;Comment Aristote parvient-il a "[creuser] minutieusement l'analyse du Dikaion", cette "chose pourvue d'une existence propre" dont il donne une definition, sans faire intervenir une "science [theoretique] du juste", lui qui ecrit: Quant aux tentatives de certains philosophes, qui, dans leurs discussions sur la verite, ont pretendu determiner a quelles conditions on doit accepter des propositions comme vraies, elles ne sont dues qu'a leur grossiere ignorance des Analytiques: il faut, en effet, connaitre les Analytiques avant d'aborder aucune science, et ne pas attendre qu'on vous l'enseigne pour se poser de pareilles questions. ;C'est ce probleme que nous examinons dans notre memoire. Et nous defendons la these que, chez Aristote, nous trouvons une science theoretique du juste, distincte d'une science pratique du droit. Pour la decouvrir, il est requis de "connaitre les Analytiques" parce que seule l'analutike episteme permet d'etablir que les trois syllogismes suivants sont demonstratifs: ; Omnis proportio suum cuique tribuit. Omne jus est proportio. Omne jus suum cuique tribuit. B , A Gamma , B Gamma , A A , B Gamma , A Gamma , B