Abstract
Cette étude, présentée dans deux livraisons successives, entend rendre compte des politiques religieuses conduites au cours du dernier siècle dans quatre pays européens de tradition catholique majoritaire: la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie. Elle s’agence autour de deux idées principales. Elle montre d’abord – c’est l’objet du texte publié dans ce numéro – que l’accès à la forme stato-nationale ne s’est pas opéré partout de la même manière. L’Espagne et l’Italie se sont organisées sur le fondement d’un régime de confessionnalité, accordant à la religion catholique, par voie concordataire, des immunités et des responsabilités exorbitantes du droit commun. La Belgique et la France ont opté, en revanche, pour un régime de séparation, établissant l’égalité juridique des cultes. On signale ensuite – cette idée sera développée dans le prochain numéro – que cette partition s’est singulièrement atténuée depuis les années 1970. S’ils maintiennent un attachement à leur passé, les pays considérés se sont engagés, sous l’effet du processus de sécularisation et de l’expansion des standards juridiques européens, dans des politiques religieuses largement convergentes, visant à organiser la relation entre l’État et les Églises autour du triple principe d’égalité, de reconnaissance et de raisonnabilité.