Abstract
RésuméCette étude tente de mettre plus en lumière les innovations philosophiques et linguistiques d’Avicenne (m. 1037) à travers ses diverses explications du problème de l’individuation. Pour mieux comprendre son discours, je le replace dans un contexte historique en partant de l’Isagoge de Porphyre (m. 305) et des remarques de Fārābī (m. 950) dansson Isāġūǧī. J’ai égalementénuméré les candidats au principe d’individuation dans l’œuvre d’Avicenne. Cet article soutient que, dans la tradition péripatéticienne préavicennienne, l’individu en tant que porteur d’une identité unique n’était guère considéré, ni épistémologiquement ni ontologiquement. Au lieu de cela, l’individu a été traité ontologiquement comme une instanciation d’universaux et, épistémologiquement, on ne l’interrogeait que dans la mesure où il pouvait être distingué. En introduisant la notion d’individuation comme tašaḫḫuṣ, au lieu de l’individuation traditionnelle comme tamayyuz, Avicenne propose une nouvelle façon d’examiner les différences intra-espèces pour une compréhension plus complexe de l’individu en soi. Dans cette perspective, l’individu avec sa šaḫṣiyya unique doit être compris par lui-même à travers la perception sensorielle. Cette approche tend à proposer que l’individu ne soit pas considéré comme subordonné aux universaux aristotéliciens dont l’assemblage, dans la pensée péripatéticienne, était vainement supposé conduire à la connaissance et à la définition de l’individu.