Abstract
En décembre 1962, dans le numéro spécial des Cahiers du cinéma consacré à la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard, ancien critique de la revue, définissait ainsi la continuité de son travail : « En tant que critique, je me considérais déjà comme cinéaste. Aujourd’hui je me considère toujours comme critique, et, en un sens, je le suis plus encore qu’avant. Au lieu de faire une critique, je fais un film, quitte à y introduire la dimension critique. Je me considère comme un essayiste, je fais des essais en forme de romans ou des romans en forme d’essais : simplement, je les filme au lieu de les écrire. » Depuis cet entretien et soixante ans d’activité cinématographique, la dimension critique et essayistique de l’œuvre de Godard n’a cessé de se développer. Dans les années 1960, le cinéaste continue d’ailleurs à collaborer avec les Cahiers du cinéma comme critique tout en poursuivant son œuvre de cinéaste. C’est par cette double activité qu’il devient essayiste jusqu’à inventer une forme nouvelle d’essai cinématographique. Dans ce texte, nous nous intéressons à la nouvelle forme d’activité critique que le cinéaste propose dans ses films mais aussi dans ses livres et ses collages.