Kernos 24:183-204 (
2011)
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Abstract
Dans le contexte d’une recherche en sciences humaines dont l’objectif est essentiellement, pour les dirigeants de la République populaire d’Albanie, la fondation d’une identité nationale en dehors de toute référence aux religions, quel peut être le sort d’une discipline dont l’objectif est l’identification, l’exhumation et l’analyse des vestiges de sanctuaires? On observe une sélection des objets d’étude, et un infléchissement des résultats scientifiques. La vie religieuse antique est à la fois perçue comme un frein à l’accomplissement historique de l’Homme, et comme un naturalisme primitif proche d’une sorte de curiosité scientifique originelle. La recherche préfère restituer un folklore féérique, qui a une dimension populaire, littéraire, orale, héroïque, homérique. On assiste aujourd’hui à une sorte de réenchantement de ces régions, encouragé par les équipes internationales accueillies en Albanie, et fondé sur la continuité des recherches archéologiques albanaises libérées des contraintes idéologiques de l’ancien régime. Une histoire religieuse de ces régions devient possible, grâce à l’archéologie.