Abstract
L’accusation de nihilisme portée par Jacobi contre Fichte en marge de la Querelle de l’athéisme avait à l’origine une tout autre cible, les Lumières, accusées d’accorder un rôle démesuré à la raison humaine conduisant à la suppression de toute transcendance. Paradoxalement, celui dont Jacobi fait son adversaire privilégié est très largement d’accord avec le diagnostic sévère porté sur les Lumières, qu’il estime à son tour responsables de la dérive nihiliste. Les remèdes préconisés par les deux penseurs pour remédier au mal de l’époque sont toutefois diamétralement opposés. Tandis que l’un se fait l’avocat d’un rationalisme prémoderne en prônant moins de raison, l’autre estime au contraire nécessaire d’instaurer plus de raison.