Abstract
La question de l’espace présente un point d’entrée particulièrement intéressant dès lors que l’on s’attache à comprendre le rapport de Hegel à la physique. Il est en effet un objet thématique de la physique, mais on ne peut le décrire comme un « objet » à part entière. En tant que dimension, sa définition engage une réflexion de la part du discours scientifique non seulement sur son objet, mais également sur sa méthode. Il s’agit, dans cette contribution, de montrer que la soi-disant « confrontation » de Hegel et de Newton sur la question de l’espace doit se lire comme la prise au sérieux par Hegel du caractère méthodologique de l’hypothèse de l’espace absolu. La spécification du discours méthodologique passe par une clarification de sa métaphysique implicite. Or, d’après Hegel, celle-ci est construite, chez Newton, sur la base d’une ontologie modelée par les mathématiques. Sur la base d’une critique de ce rôle paradigmatique implicite des mathématiques, Hegel propose alors une théorie de l’espace comme « idéalité », libérée d’une transposition indue et spontanée du discours méthodologique dans le domaine de l’être.